Combien coûtent les énergies ? Quelle est la plus intéressante économiquement ?

... A question simple, réponse ... un peu plus compliquée.

En effet il y a de nombreuses façons de calculer le coût d'une énergie. Il ne suffit pas de comptabiliser tous les coûts, il faut également utiliser la bonne méthode, qui diffère fortement selon ce qu'on veut savoir. D'où les chiffres un peu fantaisistes qui sont parfois annoncés.

Les différents types de coût

Pour aller au plus vite : il y a le coût comptable qui tient compte des amortissements déjà payés par les consommateurs dans le passé. C'est en gros le coût qui permet de calculer le prix de vente moyen à un moment donné. Mais il ne tient pas forcément compte des investissements futurs pour renouveler le parc par exemple. Il y a le coût marginal de court terme qui ne tient compte que du surcoût lors de la production d'énergie par rapport au coût de l'installation lorsqu'elle ne produit pas. Ce coût est évidemment assez faible. Il peut être utile pour déterminer une politique de prix en heures creuses ou pour choisir les unités de production à utiliser, mais ne permet bien évidemment pas de rentabiliser une installation.

Enfin il y a le coût courant économique, qu'on appellera plus simplement ici coût de production, c'est celui qui tient compte de la totalité des coûts : investissements, utilisation, maintenance, frais de démantèlement, risques. Ce coût économique ne tient pas compte des externalités : pollution, impact sur la santé, impact sur les emplois, facture énergétique, impact social. C'est ce coût qui permet de comparer des énergies entre elles.

Mais ce n'est pas tout. Quid du renouvellement du parc ? Pour assurer la pérennité de la production et pour éviter des à-coups dans le prix de vente, il faut bien en tenir compte dans la politique de prix sur le long terme. On pourrait croire que le coût de production, puisqu'il inclut l'installation passée, permettra également de financer le parc futur. En effet le capital de départ a été reconstitué en fin de cycle, permettant de réinvestir à nouveau. Mais cela ne fonctionne pas pour l'énergie car les cycles sont  longs (40-50 ans) et on le prix des nouvelles installations sera assez différent cinquante ans après. Donc le coût de production actuel (du parc installé) est en réalité une photographie du passé. Pour choisir les investissements permettant de renouveler le parc énergétique, il faut comparer les coûts de production pour les installations futures. Ce coût, bien que futur, est celui qu'il faut utiliser pour les choix du présent.

 Le bon usage des différents coûts

Ainsi les coûts comptables des énergies actuelles ne doivent pas être comparés aux coûts des installations nouvelles. Par exemple comparer le coût de rachat actuel du nucléaire (partiellement amorti) de 40€/MWh au coût de rachat des installations nouvelles de l'éolien (80€/MWh), ne permet pas de prendre en compte le coût pour les installations nouvelles, qui sera probablement de 80 à 100 €/MWh (EPR de série). D'après cette comparaison, le coût de l'éolien fait aujourd'hui jeu égal ou est inférieur au coût du nucléaire, si l'on parle des installations à construire.

Bien évidemment, il faut tenir compte d'autres paramètres : pour l'électricité il faut tenir compte de la possibilité à fournir le réseau en quantité et en souplesse au sein d'un bouquet énergétique qui mêle énergies de stock (nucléaire ou charbon, de stock mais peu souple, gaz, ENR de stock comme la biomasse, la méthanisation ou l'hydroélectricité) et énergies de flux (éolien, photovoltaïque). Il faut également tenir compte de l'impact sur l'économie, sur l'environnement, sur la santé et sur la sécurité d'approvisionnement.


 

  • Coût comptable : les diverses formes de coûts comptables permettent de calculer un prix de vente à visée court ou moyen terme. Ils ne tiennent pas compte de tous les coûts et peuvent diminuer à mesure que l'installation est amortie, c'est-à-dire à mesure que les consommateurs passés ont payé l'amortissement.
  • Coût marginal de court terme ou coût variable : les formes de coût marginal de court terme ou de coût variable permettent de calculer les coûts d'usage uniquement, qui sont variables selon le taux de charge de l'installation. Ils permettent à un producteur de mieux gérer son parc de production et éventuellement de calculer un prix plus bas en heure creuse. Mais ils ne tiennent pas compte des coûts de maintenance ou de remplacement et ne permettent pas de rentabiliser une installation.
  • Coût total de production ou coût courant économique : le coût total de production ou coût courant économique prend en compte l'ensemble des coûts directs liés à une énergie. Il permet de calculer un prix de vente moyen sur toute la durée de vie de l'installation et de comparer le coût des diverses énergies.
  • Coût des nouvelles installations : pour procéder à l'arbitrage entre différentes énergies, il convient de prendre en compte le coût moyen pour les installations futures. En effet les technologies, le prix des combustibles et les règles de sécurité évoluent, et le coût des installations futures peut être très différent du coût du parc actuel dont les installations ont en moyenne trente ans.
  • Externalités et intégration au réseau : il convient de prendre également en compte les effets externes ainsi que l’intégration au réseau. Les premiers permettent d’estimer les conséquences de la filière sur la société et l’environnement et les effets économiques induits. Pour l'électricité, il faut également tenir compte de la souplesse de production par rapport aux fluctuations de la consommation. La multiplicité des sources permet de répondre à la demande minute par minute, mais le nucléaire, peu souple, produit trop en heure creuse, tandis que les ENR de flux comme l'éolien ou le photovoltaïque ont une production qui ne varie pas en fonction de la demande, mais en fonction des conditions météorologiques. Les réserves d'équilibrage sont constituées principalement par  l'hydroélectricité et le gaz.

 

 

 

Voir aussi :

Sources :