antarctiqueLa banquise de la péninsule ouest de l'antartique fond régulièrement, ce qui menace  la stabilité de la plaque de glace continentale ouest, qui est instable et dont une partie est sous le niveau de la mer. Elle se situe dans un climat océanique moins froid que le reste du continent.

« Si la quantité de glace augmente en Antarctique, cela prouve qu’il n’y a pas de réchauffement, contrairement à ce que nous disent les 'réchauffistes' ! Et également qu’Al Gore raconte n’importe quoi… »

 

Réponse : il est vrai que le volume des glaces situés à l’est de l’Antarctique augmente, selon certaines études. Mais cela n’invalide pas, bien au contraire, les modèles climatiques. Ceux-ci prévoient que l’Antarctique restera plus froid que l’Arctique du fait de son altitude, de son climat continental et du courant circumpolaire qui l’isole des courants marins chauds provenant des tropiques. Par ailleurs les modèles avaient prévu que le réchauffement pouvait se traduire par des précipitations plus importantes et donc par des apports annuels de glace supérieurs.

C'est pourquoi les prévisions du GIEC 2007 ne prenaient pas en compte la fonte des calottes polaires pour leurs anticipations de la variation du niveau des mers : leurs calculs ne sont basés que sur la dilatation des océans. Car à cette époque, on pensait que ces accumulations de neige plus importantes près des pôles compenseraient les pertes de glaces près des côtes au Groenland, et que le bilan des glaces de l'antarctique resteraient également stable.

Contrairement à ce que certains climatosceptiques laissent entendre, le GIEC n'a donc jamais dit que l'Antarctique allait fondre et contribuer ainsi à la hausse du niveau de la mer ! Le principe «gain au centre par accumulation, perte par fonte près des côtes» était bien connu.

La réalité c'est que depuis 2007, les études font état d'un scénario plus pessimiste. Le Groenland semble perdre de la masse, et des inquiétudes se font jour également au sujet de l'Antarctique, du fait du glissement des plaques suite à la fonte près des côtes.

Ce que craignent les climatologues en effet, c'est une fonte des glaces à l’ouest du continent blanc. À cet endroit se trouve une péninsule entourée par l'océan, ce qui fait que son climat est moins froid. La banquise est alors le siège de débâcles spectaculaires. En se rompant, la glace ne retient plus le glissement de la plate-forme ouest de l'Antarctique, qui est instable et dont certaines parties sont situées sous le niveau de la mer. Ces plateformes pourraient alors fondre rapidement, augmentant ainsi le niveau des océans (voir la réponse à La fonte des glaces ne provoque pas d'élévation du niveau des mers ..., pour la différence entre glace de mer et inlandsis).

On pensait il y a peu que la perte de ces glaces pourrait faire monter le niveau des mers de cinq mètres à long terme, mais selon une étude récente publiée dans Science (Science, 15 mai 2009, Reassessment of the Potential Sea-Level Rise from a Collapse of the West Antarctic Ice Sheet, Jonathan L. Bamber et al), cela provoquerait « seulement » une hausse de 3,3 mètres sur une période de cinq siècles, ce qui représente tout de même 6,5 mm/an en plus des 3 mm/an de la hausse actuelle.

C’est bien de ce risque dont parlait Al Gore dans son documentaire. Il n’a pas, contrairement aux climatosceptiques, confondu l’Antarctique Est avec la péninsule Antarctique Ouest.

bilan-glacier-antarctique-flamantFigure 2. Cette étude (juin 2012), permet de mesurer plus finement l'épaisseur des glaciers de l'Antarctique (LEGOS à Toulouse, Thomas Flament, T. et F. Rémy)

Par ailleurs, selon des mesures récentes (colloque, Svolvaer, Norvège, 2010 : The Future of the West Antarctic Ice Sheet: Observed and Predicted Changes, Tipping Points, and Policy Considerations), l’Antartique perdrait globalement de la masse. Une autre étude de juin 2012, permettant de mesurer l'altitude d'un plus grand nombre de points qu'auparavant grâce à un nouveau processus de corrections de données satellites, confirme des gains et des pertes de quelques dizaines de centimètres dans l'ensemble du continent, mais avec des pertes de plusieurs mètres par an à certains endroits à l'ouest de la péninsule (figure 2, Flament, T. and F. Rémy (2012): Dynamic thinning of Antarctic glaciers from along-track repeat radar altimetry, Journal of Glaciology (accepted), d'après le blog de Sylvestre Huet). Ce procédé permettra à l'avenir de mieux suivre l'évolution des glaciers.

 

Les scientifiques maîtrisent encore mal la dynamique de ces calottes de glace, mais comme on l'a dit, la hausse du niveau de la mer anticipé par le GIEC n'en tenait  pas compte. Or on s'est aperçu que les augmentations de glace dans l’Antarctique Est ne compenseraient pas les pertes à l’ouest, et seraient loin de compenser les pertes de glace du Groenland et des glaciers de montagne. Ainsi, l'élévation du niveau des mers devrait être sensiblement plus importante que ce qui était énoncé dans le rapport du GIEC 2007.

 

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