La France dépend à 69,5% des énergies fossiles.
Les énergies renouvelables représentent 12% et
le nucléaire 17% de l'énergie finale que nous consommons.
Nous indiquons ici, comme l’année précédente, la part des différentes sources d’énergie dans notre consommation d’énergie finale. Nous considérons en effet que c’est le seul indicateur pertinent pour comprendre le rôle des sources d'énergie dans notre consommation. Leur expression en énergie primaire n'a pas de sens, puisque celle-ci fait apparaître des énergies inutilisables, et que les conventions de conversion ne sont pas les mêmes selon les sources (voir Sources d'énergie dans la consommation finale en France 2009)
Les énergies fossiles représentent 69,5% de notre consommation (72% en 2009), tandis que le nucléaire représente 17% (16% en 2009) et les énergies renouvelables, en progression notable, représentent maintenant près de 12% (10,5% en 2009).
Les énergies fossiles étant pratiquement toutes importées et leur prix étant en augmentation malgré la faiblesse de la croissance dans les PAI (pays anciennement industrialisés), la facture énergétique demeure lourde . Et elle menace de s’envoler cette année et dans les années à venir. C’est une perte sèche pour l’économie de notre pays et pour les emplois.
Le nucléaire augmente légèrement à 17% - résultat d’une bonne disponibilité des centrales – mais il ne peut guère augmenter davantage : il est à la portion maximum qu'un réseau électrique puisse tolérer du fait de la rigidité de sa production. C’est pourquoi nous exportons de l’électricité nucléaire en période creuse pour importer de l’électricité d’orgine fossile en période de pointe.
Les énergies renouvelables progressent de 1,5 points à 12%. Le photovoltaïque a été multiplié par trois (à 0,04% du total) et l’éolien progresse également (3,5% du total). La biomasse progresse (bois énergie, déchets incinérés, biogaz) tandis que la géothermie hors PAC, pourtant à fort potentiel, est en baisse. Les PAC sont passés de 0,7 à 1,3 tep Ef. Le solaire thermique, pourtant rentable, générateur d’emploi et de sécurité énergétique, stagne.
On aimerait pouvoir également faire un bilan des négawatts produits, en particulier dans les bâtiments. Les négawatts, c'est l’énergie que l’on peut économiser à confort égal grâce à une meilleure isolation/conception des bâtiments. Ce gisement d'énergie possède un très fort potentiel en terme de sécurité énergétique, d'indépendance, de création d’emploi et de diminution des émissions de GES.
Nous avons choisi de ne pas compter comme énergie renouvelable les agrocarburants car, étant issus de la 1ère génération, ils entrent en concurrence avec les cultures alimentaires, ce qui peut engendrer de fortes tensions sur le marché mondial des céréales et mettre en danger l'alimentation de populations vulnérables. Ils ne correspondent pas au concept du développement durable.
Nous comptons la part du nucléaire dans la consommation française, et non dans la prodution, puisqu'il faut tenir compte des exportations de base et des importations de pointe.
Le Bilan Energétique du Commissariat au Développement Durable : un document remarquable mais qui conserve les défauts hérités du passé
Nos données sont issues du Bilan Énergétique de la France pour 2010, des Chiffres clés de l’Energie en France édition 2011, tous deux publiés par le Commissariat Général au Développement Durable, Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS) et du Bilan Électrique Français 2011, publié par le Réseau de Transport de l'électricité (RTE).
Le Bilan Énergétique de la France est un document remarquable qui porte à l’attention du public un nombre important de données. C’est un document d'un grand intérêt, mais qui perpétue deux habitudes qui semblent erronées pour un nombre de plus en plus important de personnes.
La comptabilisation en Énergie Primaire
Le document reprend le principe de comptabilisation hérité des « Bilans » de la DGEMP. Sa principale particularité est de fournir des chiffres en Énergie Primaire. Nous savons que ces chiffres sont le résultat de conventions très arbitraires qui créent ex-nihilo une « électricité primaire nucléaire » en multipliant par trois sa production réelle … au motif de prendre en compte la première énergie produite, la chaleur de la vapeur d’eau. Cela correspond à une définition de l’Agence internationale de l’énergie, mais pas du tout à la définition physique de l’énergie primaire.
Grâce à la directive EnR de la commission européenne, on trouve toutefois en page 44 une comptabilisation détaillée sous forme d’énergie finale pour les énergies renouvelables, ainsi qu’une répartition globale en page 34. Pour le reste, il faut souvent extrapoler.
Un taux d’indépendance énergétique fantaisiste
Par ailleurs, il continue à considérer le combustible nucléaire comme apparaissant en France à partir de rien – ex-nihilo – ce qui permet de justifier le dogme des 50% d’indépendance énergétique. Comme on peut le voir dans ce tableau ci-dessous, issu des Chiffres Clés de l'Enérgie en France 2011, le minerai nucléaire ...
... importé n’est pas comptabilisé en énergie primaire contrairement aux sources fossile. Deux poids, deux mesures. Ce traitement illogique permet d’afficher un pseudo taux d’indépendance énergétique de 50% grâce au nucléaire. Mais il considère comme production nationale une énergie importé. A cause de cela, nous passons complétement à coté des dépendances diverses de notre société pour son approvisionnement en énergie. Bien évidemment le nucléaire n’a pas la même sensibilité géopolitique que le pétrole, le gaz ou le charbon. C’est pourquoi il conviendrait d’adopter des indicateurs qui reflètent mieux la dépendance énergétique de notre économie et des différents secteurs de notre économie à diverses contraintes :
- Contraintes climatiques (émissions de GES)
- Contraintes sanitaires et de sécurité (émissions de polluants locaux, risque nucléaire)
- Sensibilité à l’approvisionnement en ressources (facteurs géopolitiques, état des résserves et des ressources)
- Sensibilité aux prix des matières premières
- Effet sur la biodiversité
- Facture énergétique
- Effet sur l’emploi
En exprimant la part réelle de chaque source dans notre consommation ainsi que la sensibilité de ces sources aux diverses contraintes, on disposerait de bien meilleurs outils pour aborder le grand débat sur la stratégie énergétique de la France pour les prochaines décennies, un débat fondamental et indispensable – ainsi que le dit rapport de la cours des comptes sur l’énergie nucléaire.
Energie finale France 2010 : les chiffres
Sources d'énergie | tep E Finale | % du total |
Charbon (hors électricité) | 5,54 | 3,5% |
Pétrole (hors électricité) | 65,49 | 41,6% |
Gaz naturel (hors électricité) | 34,14 | 21,7% |
ENR Th (hors électricité) | 11,70 | 7,4% |
Agrocarburants | 2,71 | 1,7% |
Electricité | 38,01 | 24,1% |
Dont : nucléaire | 26,88 | 17,1% |
Dont : charbon él. | 1,85 | 1,2% |
Dont : pétrole él. | 0,83 | 0,5% |
Dont : gaz naturel él. | 1,57 | 1,0% |
Dont : ENR Electricité | 6,89 | 4,4% |
Biomasse él. | 0,42 | 0,3% |
Hydraulique | 5,49 | 3,5% |
Eolien | 0,90 | 0,6% |
Géothermie él. | 0,01 | 0,0% |
Photovoltaïque | 0,06 | 0,04% |
Total toutes énergies | 157,59 | 100,0% |
ENR par catégorie | tep E Finale | % du total |
Bois + biomasse | 10,09 | 6,4% |
Hydraulique | 5,49 | 3,5% |
Eolien | 0,90 | 0,6% |
PAC | 1,27 | 0,8% |
Déchets urb. inc. | 0,47 | 0,3% |
Solaire th + pv | 0,14 | 0,1% |
Biogaz | 0,12 | 0,1% |
Géothermie | 0,10 | 0,1% |
Sources par catégories | tep E Finale | % du total |
Energies fossiles | 109,42 | 69,4% |
Nucléaire | 26,88 | 17,1% |
Agrocarburants | 2,71 | 1,7% |
Energies renouvelables | 18,59 | 11,8% |
Total | 157,59 | 100,0% |
(calculs à partir des sources citées)
Sources :
Bilan Energétique de la France pour 2010 (juin 2011), ou http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/1811/969/bilan-energetique-france-2010.html
Chiffres clés de l'énergie édition 2011, ou http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/1812/966/chiffres-cles-lenergie-edition-2011.html
Bilan électrique 2011, ou http://www.rte-france.com/fr/actualites-dossiers/a-la-une/rte-publie-le-bilan-electrique-2011
Voir aussi :
Les Consommations d'Energie en France, association 4D, Bernard Laponche
Centrale Energie : A propos du Bilan Energétique, Flash n°11
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