Climatosceptiques ou climato-négateurs :

Nom donné à ceux qui, par des arguments dont on a prouvé la fausseté, la mauvaise foi ou le caractère mensonger (1), cherchent à nier le réchauffement ou la responsabilité humaine de celui-ci, ou ses conséquences délétères. Le but recherché est de différer les mesures qui s’avèrent indispensables.

Les livres « Les Marchands de doute » de Naomi Oreskes et Erik Conway ou « La Fabrique du mensonge » de Stéphane Foucart ont bien montré que les leaders climatosceptiques reprennent à leur compte une stratégie longuement murie et testée par les fabricants de tabac pour lutter contre les mesures de protection de la santé. « Semer le doute », nier l’évidence, est une stratégie très efficace pour différer des mesures politiquement délicates et difficiles à accepter pour la population.

 Voici d'ailleurs l'extrait d'un document destiné à l'équipe Bush en 2002 :

 

Faites-leur-croire-pas-consensusBréviaire anti-environnement destiné à  l'équipe Bush Junior : «Les votants croient qu'il n'y a pas de consensus chez les scientifiques. S'ils pensaient que les questions scientifiques étaient résolues, ils changeraient d'avis ... Il faut continuer à insister sur les manques de certitudes ...
(
Frank Luntz Memorandum to Bush White House, 2002)

 

La plupart du temps ces arguments sont soigneusement élaborés par certains cabinets d’experts ou fondations financées par des entreprises dont les affaires sont liées à des émissions de GES. Les arguments qu’ils forgent nécessitent souvent une bonne connaissance scientifique ou supposent une stratégie de communication étudiée.

Ils reprennent d’ailleurs souvent des arguments scientifiques développés il y a longtemps et complètement dépassés aujourd’hui. Ainsi ceux-ci peuvent être assez pointus techniquement. Ils jouent également sur l’ignorance du public en utilisant parfois des arguments grossiers, comme l'a fait Claude Allègre. Et utilisent la propension des médias à mettre en avant des polémiques et des points de vue discordants même si ceux-ci ne sont pas étayés et ne représentent pas la communauté scientifique. Ces arguments sont ensuite repris sur internet et diffusés par des négateurs amateurs, qui disposent alors d’un réservoir d’arguments et ont la possibilité de paraitre savants à moindres frais.

Le véritable scepticisme scientifique, sincère et de bon aloi, a existé à propos de l’effet de serre et du rôle du CO2 mais il remonte à un siècle et demi. Depuis près d'un demi-siècle, des preuves très convaincantes ont permis d’établir fermement la réalité de l’effet de serre (Histoire de la découverte du réchauffement cimatique).

La longue liste des arguments faux, dépassés, des mensonges, des falsifications, des inventions ou des fantaisies prouvent que les climatosceptiques n’ont rien de l’attitude sceptique dont ils se réclament. Un sceptique de bon aloi met en doute mais il accepte le verdict de l’examen rationnel. Une fois une objection réfutée, il change d’avis. Ce n’est pas du tout le cas des « climatosceptiques » qui ne changent jamais d’avis. Une fois qu’une objection est consciencieusement réfutée, ils rebondissent indéfiniment sur d’autres objections. Et comme le disait un climatologue, s'il faut 10 secondes pour dire une ânerie, il faut au moins dix minutes pour la rectifier ... et encore, si l'on est un climatologue bien informé.

C’est pourquoi le terme est mal choisi. Le scepticisme méthodique ne doit pas être confondu avec la dénégation. Les climatosceptiques sont au fond des négationnistes climatiques. Certains d’entre eux sont sincères sans doute, mais dans ce cas ils ne sont en rien sceptiques : comme les partisans du complot, ils sont extrêmement naïfs dès qu’on leur dit ce qu’ils veulent entendre et ne veulent écouter que cela. Ceci dit leur sincérité est souvent liée à un intérêt professionnel, à une peur du changement ou à leur refus de changer leurs habitudes.

C’est pourquoi, au-delà des arguments qu’il est nécessaire évidemment de bien comprendre, une réflexion est à mener sur la manière d’amener une population à décider d'agir par elle-même en fonction de réalités scientifiques bien établies. On verra dans cette formulation un certain paradoxe. C’est que le savoir rationnel ne dépend pas du libre choix de la volonté mais qu'au contraire, c'est le libre choix qui s’exerce mieux à partir d’un savoir rationnel. Celui-ci peut être mis à la disposition de tous sans jargon, mais pas sans un certain effort de compréhension. L’ignorer, c’est se laisser gouverner par les passions qui nous divisent et par les démagogues qui nous manipulent.

 

 

 

Pour info, voici le document destiné à l'équipe Bush expliquant la sratégie de communication à suivre au sujet de l'environnement et du climat (p7) :

(s'il ne s'affiche pas, c'est qu'il a dû être téléchargé par votre navigateur, selon vos réglages. (A télécharger ici)

 

 

 

 

Notes :

 (1) Voir les articles "Les arguments climatosceptiques et les réponses", ainsi que "Histoire de la découverte du climat"

 

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